Médaille commémorative guerre 1870-1871

Historique :

Suite à un différent, puis un malentendu au sujet de la succession du trône d’Espagne, la France, trop confiante dans la toute puissance de ses armées, déclarait inconsidérément la guerre à la Prusse, le 19 juillet 1870. Après une série de revers, la dernière armée française, piégée à Sedan, fut capturée le 2 septembre 1870, avec l’Empereur Napoléon III à sa tête et, le 4 septembre la République fut proclamée. Enfin, le 28 janvier 1871, l’armistice était signé et mettait fin à ce conflit perdu pour la France. Malgré la perte de 50 000 hommes, cette guerre de 1870 - 1871 nous vit céder l’Alsace, la Lorraine et verser en trois ans une indemnité de cinq milliards de francs, lors de la signature de la paix avec le nouvel empire d’Allemagne ( traité de Francfort en mai 1871 ).


La République avait déjà fait de même pour ses campagnes coloniales en instituant six médailles commémoratives : celle de l'expédition du Tonkin (1885), celle de Madagascar (1886 et 1896), celle de l'expédition du Dahomey (1892), celle de Chine (1902) et enfin celle du Maroc (1909). Il est à noter qu'une barrette "Engagé Volontaire", créée en 1911, apparût avec la Médaille de 1870-1871 ainsi que quatre barrettes correspondant à des batailles avec la Médaille du Maroc. La Médaille Coloniale, créée en 1893, peut se rajouter à cette liste mais a un rôle à part car elle récompensait aussi d'autres services que la participation à des opérations de guerre (missions d'études et explorations puis longs séjours coloniaux).

C'est dans cet esprit que pendant la Première Guerre mondiale, plusieurs initiatives gouvernementales et parlementaires apparurent afin de créer "une marque tangible de participation à l'immense lutte", à côté "des décorations proprement dites, que tous les soldats n'ont pu acquérir". Alexandre Millerand, ministre de la Guerre, déposa en ce sens un projet de loi dès septembre 1915. Mais il fallut attendre le projet de loi déposé le 11 juin 1919 par le gouvernement, adopté par la Chambre et le Sénat, pour que fut créée la Médaille Commémorative de 1914-1918 (loi du 23 Juin 1920). Un concours fut ouvert par le ministre de l'Instruction Publique et des beaux-arts. Le projet retenu fut celui du graveur Morlon.


Bénéficiaire :

La Médaille commémorative de la Guerre de 1870-1871 récompensait les combattants de 1870-1871, qui justifiaient, par pièces authentiques, de leur présence sous les drapeaux en France ou en Algérie, ou à bord des bâtiments armés, entre le mois de juillet 1870 et de février 1871 inclus.
Pouvaient donc prétendre à la médaille, les anciens combattants qui étaient présents sous les drapeaux :

¨ dans l'armée active ;
¨ dans la Garde nationale mobile ( organisée en 1868 ) ;
¨ dans les corps-francs reconnus ;
¨ dans la Garde nationale mobilisée ( levée en octobre et novembre 1870 ) ;
¨ dans la Garde nationale sédentaire des villes assiégées ;
¨ dans les Gardes nationales sédentaires des villes ouvertes ;
¨ dans les corps et services de la Marine ;
¨ dans les corps organisés, mobilisés en 1870 ( douaniers, agents et gardes des forêts, gardiens de la paix de la ville de Paris ) ;
¨ dans les services de la Trésorerie et des Postes aux armées.
¨ dans les gardes nationales sédentaires des villes ouvertes, attaquées en 1870-1871 ; villes dont le courage a été reconnu par le gouvernement, par l'attribution dans leurs armes de la croix de la Légion d'honneur.

La loi du 27 mars 1912 étendra la remise de la médaille aux médecins, infirmiers, infirmières, aumôniers, pouvant justifier de leur présence sur les champs de bataille, dans les ambulances et hôpitaux, ainsi qu'aux aérostiers ayant quitté Paris en ballon pour assurer un service public.

Enfin, le 13 juillet 1923, une nouvelle loi étendit son attribution :

¨ Article 1er : aux enfants volontaires qui, ayant moins de quatorze ans à la déclaration de guerre de 1870, ont été enrôlés dans les bataillons de la Garde nationale ont droit à la médaille commémorative avec agrafe. Le brevet mentionnera le titre d'Enfant Volontaire, avec l'indication du numéro de la compagnie et du bataillon. La pièce justificative sera une attestation d'incorporation délivrée d'après les états de contrôle de la Garde nationale déposés aux archives.

¨ Article 2 : aux enfants de moins de dix-huit ans qui, n'étant pas incorporés pendant la guerre, ont accompli un acte de courage civique dont ils pourront faire preuve par acte authentique.

Cette médaille fut attribuée à 150 000 anciens combattants, qui recurent en outre un certificat nominatif.


Distinction :

Ruban :
Vert coupé par quatre raies verticales noires ; l’ensemble formant une alternance de neuf raies de 4 mm.

Médaille :
Médaille ronde en bronze patiné, du module de 30 mm. Gravure de Georges LEMAIRE.

Sur l’avers : l’effigie de la République casquée et cuirassée, tête à gauche, entourée de la légende REPUBLIQUE FRANÇAISE.

C’est le profil d’une artiste à la mode, mademoiselle Fernande DUBOIS, de l’Opéra-comique, qui fut choisi pour représenter l’effigie de la République.
Il a existé des modèles de fabrication fantaisie dite « gros module », en bronze patiné, argenté ou doré et du module de 36,5 mm, réalisés, notamment, par la maison ARTHUS-BERTRAND.

AU REVERS :

Un cartouche portant l’inscription AUX DÉFENSEURS DE LA PATRIE, sur un fond
de panoplie d’armes, était surmontée d’un étendard et du millésime 1870 - 1871.

Barrette :
Une agrafe de style oriental en argent ou métal argenté avec l’inscription "ENGAGÉ VOLONTAIRE ".
Une agrafe rectangulaire, non réglementaire, en émail noir avec la date 1870 - 1871.