LA VOIX DU COMBATTANT LE POIRÉ SUR VIE Hommage à Abel BERTHOMÉ Il y a 50 ans, lors de la bataille de Souk-Ahras en Algérie, tombait Abel Berthomé. Patriote dans l’âme et possédant un sens aigu du devoir il rejoignait la longue liste des genôts qui ont rougit de leur sang les glorieux champs de bataille de notre pays. Abel manque toujours à ses frères et à ses amis. Que ces quelques lignes ravivent sa mémoire et relatent comment Abel Berthomé accomplit son devoir jusqu’au bout. Troisième d’une famille de cinq enfant, il naquit au Poiré sur Vie le 30 septembre 1936 dans le village de la Pallulière. Après l’école, il travailla plusieurs années à la ferme de Monsieur Mignen près de la gare, non loin d’où habitait son copain René Lambert. Excellent sportif, la grande passion d’Abel était le vélo. Pistard émérite il porta le maillot du VC Yonnais avec lequel il remporta plusieurs bouquets. Egalement téméraire, Abel n’avait pas froid au yeux : le soir pour rentrer à la ferme il était capable de chevaucher sans selle le cheval de trait et de rentrer à brides abattues. A 18 ans, René lui avoua être tenté par la carrière militaire et devança l’appel pour rejoindre à Pau le 18ème Régiment d’Infanterie Parachutistes de Choc. Abel voulu le suivre mais son père refusa de voir son fils servir dans cette arme d’élite. Pendant plusieurs mois, par courrier René lui décrivit sa vie militaire et lui raconta ses combats car la guerre d’Algérie prenait de l’ampleur. Par ailleurs, c’est un bataillon du 18ème RIPC qui forma l’ossature d’un nouveau régiment composé en partie d’appelés : le 9ème Régiment de Chasseurs Parachutistes. C’est donc tout naturellement, qu’Abel choisi de se porter volontaire au 9ème RCP lorsque l’appel sous les drapeaux parvint à la Cotrelière. Après avoir effectué ses classes à Montauban, il rejoignit son unité à Toulouse. Dès son arrivée en Algérie il fut versé comme grenadier voltigeur à la 3ème compagnie qui était composée uniquement de militaire du rang. Soldat discipliné, disponible et toujours de bonne humeur, il fut remarqué par le lieutenant Roger Saboureau, chef de la 2ème Section, qui le pris comme radio personnel. De nombreux combat prouva à l’officier que son choix avait été le bon. Il le trouva toujours à ses côtés, prêt à recevoir et à transmettre ses ordres. Il semblait ignorer le danger des tirs ennemis que son antenne attirait.
Récit de son dernier combat : La compagnie résista furieusement puis perça en direction des autres unités du régiment. Ce combat coûta la vie à 28 d’entre eux dont le capitaine et un sous-lieutenant et 28 blessés. Pour les familles du Poiré ayant un proche de l’autre côté de la méditerranée la nouvelle du décès d’Abel fut un choc. Nos soldats tombaient en Algérie. L’histoire retiendra qu’Abel fût le seul du Poiré lors de ce conflit, à donner sa vie pour son pays comme les anciens de la Marne, d’Artois ou de Champagne. En 2002, Roger Saboureau et les anciens du 9ème RCP vinrent au Poiré honorer la mémoire d’Abel Berthomé. Le Général Jean-Paul Favreau, président de l’amicale du 9ème remis à Gilles et André Berthomé, ses frères, les décorations qu’Abel reçu à titre posthume : la Médaille Militaire et la Croix de la Valeur Militaire avec palme. Puis entouré des anciens d’Afrique du Nord du Poiré où René Lambert figurait au premier rang, ils s’inclinèrent sur sa tombe. A la fin de son éloge funèbre, le lieutenant Saboureau, seul devant la tombe dit avec émotion: « Aux ordres du gouvernement de ton pays, tu as eu une conduite exemplaire dans le courage et dans l’honneur et tu as tout donné jusqu’au sacrifice suprême. Nous tes frères d’armes, nous continuerons d’honorer ta mémoire et celle de tes camarades tombés au combat et nous la défendrons contre tous ceux qui voudraient la salir. Abel, mon cher camarade, mon compatriote, je pense souvent à toi. Nous ne t’oublions pas. Que cette terre de Vendée, ta terre, soit légère à ton corps de soldat. »
Daniel Aubret
"Aux morts! " Salut à la tombe. |