Allocution prononcée par le Lieutenant-colonel BUCHOUD le 2 Mai 1958 au cours des Obsèques des Tués des Combats du 29 Avril
II y a trois jours, le 9e R.C.P. a vécu des heures terriblement douloureuses dont on peu mesurer l'ampleur aujourd'hui devant ces cercueils. Engagé depuis deux jours dans la poursuite et la destruction des bandes rebelles venant de Tunisie on apprenait, dans le courrant de l'après-midi de cette journée qu'une patrouille amie était accrochée le long du barrage. Une nouvelle opération était alors montée et les Compagnies du 9e R.C.P. étaient engagées, en urgence, en hélicoptères. C'est ainsi, que la 3 e Compagnie était posée vers 16 heures sur le massif du djebel EL MOUADJENE en flanc garde de l'opération. Hélas, c'est au nombre de plusieurs compagnies que les rebelles étaient arrivée de Tunisie, et la 3e Compagnie se trouvait, aussitôt après son poser, encerclée par deux compagnies ennemies. Pour augmenter encore leurs chances et ne reculant devant aucun procédé, les rebelles feignant la reddition se sont approchés, levant les bras pour, traîtreusement, donner l'assaut de plus près, manoeuvrant au sifflet comme dans la répétition d'une leçon bien apprise. Des combats singuliers se sont alors déroulés au cours desquels toutes les actions individuelles sont devenues des actes d'héroïsme semblables à tous ceux dont a été faite la grandeur de notre pays et le passé glorieux de notre Régiment. Je cite le sergent PFENDER Georges, les caporaux DESPREZ Roger et MILLOCCO André, les chasseurs BERTHOME Abel, BOUTARIC Robert, LAUTURE Roger, LUYCKFASSEEL Michel, STAUFER Bernard, BEYREND Bernard, BRISWALTER Michel, DROUET René, FROMONOT Jean-Claude, qui chargés d'assurer la défense sur une face se dressaient debout, mitraillette en main, ayant calculé d'avance la valeur du sacrifice qu'ils consentaient. Je cite le caporal ANDRZJAk Waldery, qui blessé, cache avant de mourir son canon 57 sans recul dans les buissons. Je cite le sergent-chef VAN WAESBERGHE Jules qui, avec le sergent COLLE Edmond, avec BONICI Armand, BOUSSEAU Maurice, DESENNE Jean, BEAUFORT Gérard, GUITTIER Serge, FAUCONNIER René, GEISS Willy et PEDUCASSE Robert, ont fait la percée pour briser l'encerclement. Je cite le radio DESMARES, qui blessé emmène le corps de son capitaine et ses cartes et qui, trop bien repéré tombe cette fois mortellement atteint. Je cite RIOTON, tireur au fusil-mitrailleur qui a protégé le regroupement de la Compagnie et a été tué à sa pièce et à sa place qu'il n'avait pas quittées. Je cite AMOROSO Lucien de la 4e Compagnie, qui, avec son canon de 57, engagea un duel contre une mitrailleuse dès le poser de sa Compagnie. Je cite le sous-lieutenant THIERY Marcel faisant front à l'adversaire et qui tombe après avoir repoussé deux assauts. Je cite ceux de la 2e Compagnie, le sous-lieutenant POINSO Gérard, les caporaux BOLE Louis et DUB Albert, le chasseur BABY Michel qui posés en hélicoptère en arrière des rebelles pour porter secours à leur Compagnie soeur, ont forcé le barrage adverse. Je cite enfin le capitaine BEAUMOMT Serge qui vient de trouver une mort à la hauteur de lui même et de sa foi patriotique et qui le fait entrer dans les traditions héroïques du 9e REGIMEMT D'INFANTERIE dont nous sommes les héritiers. Lieutenant-colonel BUCHOUD |