Dimanche 10 janvier 1915
Nos morts,
Il nous faut encore ajouter un nom à la liste déjà trop longue de nos victimes de la guerre. Voici en quels termes, Monsieur l'Aumônier nous annonce la morts de Jacques AUBRET du Bourg.
« Je viens de procéder à l'inhumation d'un de vos bons paroissiens, Jacques AUBRET de la classe 1894 au 83e territoriale. Il a été tué mercredi 29 par un éclat d'obus, alors qu'on faisait la relève de la garde aux tranchées situées à l'Est d'Arras.
Il n'est pas mort sur le coup, il a été comme assommé par la commotion restant de l'éclatement d'un gros obus de 120 tombé sur le bord de la tranchée qu'il occupait avec 12 de ses camarades. L'obus a démoli la couverture de la tranchée et il a été pris sous l'éboulement, d'ou asphyxie partielle compliquant son cas déjà grave.
Je me trouvais au poste de secours lors de l'accident et me suis empressé de courir à son secours avec le Docteur. Le trouvant sans connaissance, je l'ai tout de suite absout et donné l'extrême-onction. Je ne pense pas qu'il eut besoin de se confesser, il s'était confessé à moi vendredi dernier et avait communié à ma messe. C'était d'ailleurs un excellent homme à ce que m'ont dit ses camarades qui le regrettent beaucoup. Le bon Dieu l'aura trouvé bien préparé et lui aura, je n'en doute pas, fait bon accueil.
Tous les soins du Docteur, soins intelligents et dévoués ont été impuissants à le ranimer. Jacques AUBRET est mort entre nos mains au bout d'une heure, sans souffrance apparente.
Il est enterré provisoirement près du poste de secours dans la propriété de M. Le Blanc... »
J'ai voulu publier cette lettre parce qu'elle est de nature à consoler la famille et à vous édifier tous. Continuons à prier pour nos pauvres soldats, vivants ou morts.
A. DRONNEAU, curé.
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