EXTRAIT DU BULLETIN PAROISSIAL

L’ANGE GARDIEN DU POIRÉ SUR VIE

DE 1914 à 1921

 

Dimanche 7 février 1915

Lettre d'un aumônier du 27 janvier 1915

Hier, après midi, on a amené à notre ambulance un de vos paroissiens Pierre CORNU (La Pampinière) soldat au 137e. Un obus l'avait très grièvement blessé un peu partout sur le côté gauche. Dans la tranchée, pendant une vive fusillade; 4 de ces camarades étaient tombés avec lui.

Le pauvre enfant a été bien courageux et pendant l'opération du pansement, il ne s'est pas plaint. On l'a pansé et couché dans un bon lit; mais il avait perdu trop de sang ; vers 7h½ du soir il baissait rapidement. Je l'ai confessé et administré, il était en pleine connaissance et voyait parfaitement son état. Nous avons causé de ses parents. Je lui ai demandé s'il fallait écrire chez lui... Oh mes pauvres parents, m'a-t-il répondu, moi qui les aimais tant ! Je lui ai dit qu'il les verrait au Ciel, que je leur écrirai, qu'il prierait pour eux. Oh oui a-t-il dit. Et quand je l'ai quitté, je l'ai embrassé pour eux, de leur part. Je lui ai dit " Au revoir, mon petit. Oui mon père, au revoir dans le Ciel ! Ca été sa dernière parole, un instant après, il s'est tourné et s'est éteint tout doucement.

On l'a enterré ce matin à 10h½ ; j'ai béni son corps et sa tombe, et il repose dans le cimetière de Louvencourt, le 15e en allant de gauche à droite. Il a une croix avec son nom sur sa tombe. Ce matin, j'ai dit la messe pour lui et pour ses parents.

Je vous prie de vouloir transmettre ces détails à sa famille ; ses parents auront une consolation en pensant à la façon si chrétienne dont leur cher enfant est mort... Vos petits vendéens sont admirables dans leur foi, nous l'avons pu constater maintes fois depuis le début de la campagne.

Je vous prie de dire aux pauvres parents que je prends bien part à leur peine et que je prie pour eux.

Je vous demande une petite prière pour nous, Monsieur le Curé et vous prie de croire à mon respectueux dévouement en Notre Seigneur.

H. OUVRARD, prêtre.